Secrétaire général de la Société Mathématiques de Côte d’Ivoire, le professeur Adama Coulibaly a entraîné l’équipe ivoirienne lors des Olympiades Panafricaines de Mathématiques 2017 à Rabat. Lors de cette compétition, c’est l’ivoirien Polneau Eddie Ibrahim qui a été sacré champion. Planète Okapi a rencontré ce professeur, à la méthode de formation innovante.
Planète Okapi : Quel était votre rôle dans l’équipe de Côte d’Ivoire lors des Olympiades panafricaines de Mathématiques 2017 ?
Professeur Adama Coulibaly : Je suis le responsable de la commission Olympiades au sein de la Société Mathématiques de Côte d’Ivoire. Je suis donc chargé de mettre en exécution la politique d’encadrement et de formation de nos élèves sélectionnés pour représenter la Côte d’Ivoire lors de compétitions internationales de mathématiques. Mon rôle, c’est de trouver le moyen de former l’enfant selon sa personnalité, selon son niveau. Chacun des petits génies que nous recevons est différent et a besoin d’un encadrement spécifique.
Planète Okapi : Comment se fait la sélection des élèves qui vont défendre les couleurs au nom de la Côte d’Ivoire ?
Professeur Adama Coulibaly : La sélection se fait à partir des classes de 4ème et 3ème sur toute l’étendue du territoire national. Les élèves sélectionnés suivent de nombreux stages pendant les congés scolaires au cours desquels ils sont formés par des encadreurs, professeurs de mathématiques, venant des universités et des Lycées. Il faut dire qu’aux Olympiades, les sujets soumis aux compétiteurs ne sont pas des épreuves de mathématiques nécessairement scolaires. Ils sont très différents, très profonds. Ils font appel à l’intelligence naturelle de l’enfant. C’est au terme de ces stages que nous sélectionnons les six meilleurs. À savoir trois élèves filles et trois garçons.
Planète Okapi : Quelle est la particularité de votre méthode de formation ?
Professeur Adama Coulibaly : Je laisse les élèves découvrir eux-mêmes les réponses à une question. Je m’explique, lorsqu’un problème est à traiter et qu’un élève n’arrive pas à le résoudre, au lieu de lui montrer directement la solution, je lui donne un mot-clé susceptible de le mettre sur le bon chemin. S’il est bloqué une seconde fois, je lui donne un deuxième mot-clé et ainsi de suite. Chez nous, on les appelle : les jokers. Lorsque l’enfant découvre de cette manière les réponses, il gagne en confiance et s’intéresse à aller plus loin. En plus de cela, je veux dire qu’il appartient aux professeurs de faire le plus d’efforts pour se faire comprendre par leurs élèves. Le professeur, c’est le maître, c’est celui-là qui détient le savoir. De ce fait, il doit faire en sorte de se faire comprendre et de transmettre ce savoir à l’élève qui n’a absolument pas le même niveau que lui. Cette manière de faire à payer, car nos compétiteurs ont été les meilleurs d’Afrique lors des Olympiades Panafricaines de Mathématiques au Maroc cette année.
Planète Okapi : Que représente pour vous l’innovation dans la manière d’enseigner ?
Professeur Adama Coulibaly : L’innovation, pour moi, est la clé de l’épanouissement de l’enseignant et de l’enseigné. Je crois que l’innovation doit se ressentir tous les jours dans la manière de faire du professeur. Quelles sont les techniques, selon le moment, les mieux adaptées qu’il faut utiliser pour aider un enfant à vite assimiler une notion, une formule, une idée, etc. ? Voici la question que doit se poser un enseignant qui veut être performant. J’accorde beaucoup d’intérêt à l’innovation et j’essaie tous les jours d’être le moins dans la routine.