Crédit photo : Patrick Assalé
Ils sont près de 6 000 à suivre ce jeune homme qui depuis le début de l’année utilise les émojis africains pour valoriser ses racines ivoiriennes en particulier et africaines, en général. Son nom ? O’Plérou. Gros plan sur ce jeune talent.
UN TIMIDE QUI PARLE AVEC SES MAINS
La première chose qui frappe tout de suite quand vous le rencontrer, c’est sa grande timidité. C’est à peine si on entend sa voix. Et pourtant sous cette armure, se cache un immense talent. Benjamin d’une fratrie de neuf enfants, O’plérou Luc Denis Grebet, son nom complet, est une personne taciturne, curieuse, mais un amoureux de lecture et de dessin. Cet étudiant en infographie, âgé de 20 ans, a décidé de donner une image plus représentative de l’Afrique à travers son projet Zouzoukwa, qui signifie « image » en langue bété (ethnie du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire).
« J’ai choisi ce nom pour montrer que j’étais attaché à mes racines et encourager les gens à assumer leurs origines », a-t-il expliqué d’une voix fluette.
LES DOUX TRAVAUX D’O’PLÉROU
Zouzoukwa est un projet défi de design graphique qui consiste à réaliser 365 émojis africains qui seront publiés jour après jour sur le compte Instagram de l’artiste. À chaque semaine est associée une thématique : nourriture, monuments, tenues traditionnelles, etc. Des masques aux plats, en passant par les ustensiles de cuisine, presque tous les objets du mode de vie à l’africaine sont revisités par O’Plérou. L’artiste a aussi un blog, qu’il décrit « comme un journal d’un explorateur créatif, où il publie ce qu’il crée et l’histoire de ces créations, ce qui l’inspire et l’influence sur mon travail ». Son projet, le garçon à la coupe afro, le mène en parallèle de ses études d’Infographie, et le Webdesign, est l’un des modules de sa formation pour lequel il se passionne. C’est au sein de l’Institut des Sciences et Techniques de la Communication, une école publique ivoirienne, où il suit ses études. « J’ai toujours voulu apprendre », reconnaît-il volontiers, vêtu aux couleurs de son école. Quand il n’essaye pas d’étancher sa soif d’apprendre, il s’inspire d’autres artistes.
COURONNÉ AUX ADICOMDAYS
La styliste Ivoirienne Loza Maléombho pour sa créativité, le peintre Andy Warhol pour sa vision de l’art, le sculpteur, graveur, scénariste et écrivain Salvador Dali pour son anticonformisme et sa liberté et enfin, le dessinateur poète Frédéric Bruly Bouabré pour la promotion de sa culture, O’plérou pioche son inspiration chez tous ces artistes. Et, ça…paie !
Lors de la seconde édition des Adicomdays, ce rendez-vous des acteurs du digital africain qui a eu lieu en mars 2018 à Abidjan, il a décroché le trophée jeune talent. « Je suis content mais pas encore fier de mon travail », explique-t-il. Le jeune homme ne compte pas s’arrêter là. Il a de nombreux projets en tête : une application avec ses émojis, est en préparation, une collaboration avec une marque de vêtements et d’accessoires à l’effigie de ses émoticônes. Pour le reste : chut. C’est secret. « Je préfère éviter d’en parler. Sinon, je perds la motivation de les réaliser », reconnaît volontiers le jeune étudiant. Artiste engagé « qui veut vivre de son art », il espère pouvoir travailler un jour en collaboration avec le ministère du tourisme. En attendant le créateur de Zouzoukwa, nullement gêné par sa notoriété a des rêves et des projets plein la tête. Mais, chut. C’est secret.